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VOYAGEZ FACILE

Soyez touristes et fiers de l'être ! 

C’est drôle, avec la crise du Covid 19, on s’est de nouveau mis à chérir les touristes, à regretter leur absence. Pourtant, avant cela, les manifestations à l’encontre de ces drôles de spécimens sortant de leur cadre naturel pour aller jouir des richesses de l’ailleurs battaient leur plein. On n’avait jamais autant détesté ces vacanciers, qui déambulent au pas de course dans nos musées ou s’esclaffent bruyamment sur nos bords de plage. D’ailleurs, on les déteste tout en s’identifiant. Car le plus souvent, avouons-le, ce sont nous qui sommes à leur place et qui passons pour des mufles à l’étranger. Et quand on pense qu’on a des raisons de nous détester, on culpabilise.

 

On rêverait d’être un grand voyageur plutôt qu’un vulgaire touriste. On aimerait rendre compatibles nos envies de découverte et nos idéaux écolos. On aimerait continuer de nous déplacer pour notre petit plaisir personnel tout en répandant le bien autour de nous. En bref, on est sans cesse en train de faire le grand écart et on n’a pas encore trouvé la recette miracle du voyage parfait. Du coup on culpabilise, encore et toujours.

 

On culpabilise car quand on cible les destinations abordables pour beaucoup d’entre nous (je pense à la semaine All Inclusive en Tunisie, aux bords de mer sur la Costa Brava, à la semaine de détente en Thaïlande), on devient un sacré protagoniste du tourisme de masse. A cause de nous, on assiste à une bétonisation de Benidorm et de San Sebastian, à la raréfaction de l’eau potable à Djerba car on prend trop de douches et qu’on passe trop de temps dans la piscine alors qu’il y a la mer à côté, à l’augmentation du nombre de prostituées thaïlandaises, au saccage des fonds marins de Méditerranée ou encore à la flambée des prix des loyers dans Barcelone à cause de tous les logements transformés en AirBnB. Bref, il faudrait nous abattre.

 

On culpabilise encore quand on essaye pourtant de se démarquer avec des voyages plus authentiques, à la rencontre des populations locales, dans des zones moins fréquentées. On fait bien souvent un long trajet en avion, et horreur, on émet tellement de gaz à effet de serre qu’il faudrait planter des arbres pour compenser. Sans parler de la folklorisation des coutumes indigènes entièrement dénaturées par notre faute. Ni d’ailleurs du fait que l’on abime des zones encore préservées du tourisme de masse. Si par chance notre sentence n’était pas l’abattoir, il faudrait au moins nous ligoter pour nous empêcher de nuire.

 

On réussit même à culpabiliser quand on prend part à un voyage humanitaire car, qui sommes-nous pour vivre comme un pauvre et prétendre l’aider pendant quelques semaines de sa vie et revenir en apprécient mieux notre condition de riche ? Ne faisons-nous pas pire que mieux en nous rendant dans des orphelinats à donner de l’affection à des enfants puis en les abandonnant comme ils l’ont déjà été ? Même ce type de voyage est sujet à la critique.

 

Parfois, on culpabilise tellement qu’on décide d’arrêter de voyager. Mais alors là on continuera de s’entendre dire qu’on a tout faux ! On n’a jamais vu Venise ? ni la Sagrada Familia à Barcelone ? ou encore la Statue de la Liberté ? quels ignorants faisons-nous ! Quel manque d’ouverture d’esprit ! Un peu de culture parbleu ! Comment peut-on vivre à ce point replié sur notre petit univers ? C’est quand même mieux d’aller voir ce qui se passe ailleurs. On n’a jamais entendu que les voyages formaient la jeunesse ? Il faudrait peut-être penser à se bouger un peu !

 

Si on n’atteint pas ce dernier stade, on essaye de se rassurer pour continuer nos pérégrinations. On se dit que le tourisme permet une rencontre des cultures et constitue bien souvent un premier pas vers plus de tolérance (et c’est vrai !). Et surtout, on se dit que grâce à nous des milliers de gens gagnent leur vie. D’ailleurs, on s’en aperçoit encore mieux par temps de Covid 19, quand on apprend que la Société Aéroport de Paris licencie 700 personnes, que le Comité Régional du Tourisme d’Ilede-France annonce des taux d’occupation dans les hôtels historiquement bas (20,7% en juillet 2020, équivalent à un recul de 61% en comparaison avec juillet 2019), et qu’on commence seulement à mesurer l’impact des faillites des agences de voyages. On est d’ailleurs gentiment invités à privilégier les escales dans notre cher pays pour relancer son économie. Bref. On passe notre vie à faire le grand écart entre développement durable et croissance. « Arrêtez de consommer…mais consommez quand même ». Consommez moins ! Consommez mieux ! Mais consommez toujours plus !

 

Et si on arrêtait la schizophrénie ? Si on faisait ce qu’on voulait sans se poser dix milles questions ? Si on accordait à notre cerveau ce répit dans sa lutte perpétuelle concernant les bonnes ou mauvaises consommations pour le domaine des vacances. Si on en revenait aux fondements de ces dernières ? Je ne parle pas des voyages, mais bien de nos VACANCES, synonyme de relâchement, de laisser-aller, d’apaisement.

 

Si on blâmait tous les médias qui jugent nos comportements touristiques mais qui n’apportent pas de réelles alternatives ? Et quand je parle d’alternatives, je fais référence à des alternatives au même prix, pour les mêmes niveaux de confort et d’activités proposées. Soyons touristes et fiers de l’être. Soyons honnêtes avec nous-mêmes. Osons crier fort qu’on a aussi droit à des vacances, et qu’on assume les conséquences de ces dernières. Et laissons aux destinations leurs politiques de régulation touristique. Si elles proposent une offre, c’est qu’elles y trouvent leur compte. Alors cessons de prétendre ce qui est bien ou non pour elles, et profitons, tout simplement.

Chez Voyagez Facile, on est contre : le tourisme sexuel et le tourisme de guerre. 
Pour toutes les autres formes de voyages à visée TOURISTIQUE, on vous soutiendra toujours à 200% !
 

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